Dévier, résister et faire communauté : politisation du care dans l’espace littéraire contemporain

Projet de recherche postdoctoral

Frida Kahlo, The Love Embrace of the Universe, the Earth, Myself, Diego and Señor Xólotl

© Frida Kahlo, The Love Embrace of the Universe, the Earth, Myself, Diego and Señor Xólotl, 1949.

Résumé du projet

La littérature contemporaine est particulièrement propice à la politisation du care par des écrivaines dont les œuvres contestent l’idée du care comme une sollicitude lisse et inconditionnelle, naturellement bonne et vocationnelle, sur laquelle s’est consolidé un système de hiérarchisation des métiers ainsi que des genres, des races et des couches sociales, en d’autres mots, du pouvoir. Ces écrivaines explorent la possibilité, bien réelle, de l’insoutenabilité du care et de ce que signifie sa dénonciation ou la remise en question de la conviction selon laquelle le care altruiste et bienveillant ferait inconditionnellement partie de l’identité de toutes les femmes, toutes catégories sociales et ethniques confondues. Posant comme prémisse que la resignification et la politisation vont de pair, ce projet s’attache à comprendre les façons dont les écrivaines, autant dans la création que dans le métadiscours, réinvestissent le care d’autres significations à travers l’exploration d’espaces déviants, c’est-à-dire s’écartant de l’orientation prévue du soin et de la sollicitude. D’un côté, elles défient le sens unidimensionnel et hautement moral que le patriarcat donne au care en imaginant des personnages féminins qui basculent dans un care déviant, violent ou malveillant. D’un autre côté, les écrivaines redéfinissent le care en l’inscrivant dans une démarche féministe. Cette hypothèse se partage en deux propositions. Les écrivaines insistent, d’une part, sur l’importance du self-care dans le combat pour la constitution du sujet-femme individuel. Elles extraient, d’autre part, le care du monde des hommes et le dirigent exclusivement vers les femmes, formant ainsi une communauté de sœurs soignantes qui met à mal le modèle hétéronormatif. Ultimement, il s’agira de mener une enquête sur l’entreprise littéraire comme une forme de care et de proposer les bases d’une théorisation du care littéraire comme un espace de politisation féministe où se met à l’œuvre, à la fois, une resignification du care et de son assignation au «  féminin » ainsi qu’une redéfinition des pratiques littéraires par le biais du care comme éthique féministe.

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